IPEV Rapport final 2019 Chapitre 5 : Politiques publiques contre la violence État des lieux des politiques publiques contre la violence Un dispositif international contre la violence Fabriquer la paix : avancées et limites La justice transitionnelle entre guerre et paix Des politiques publiques ordinaires Conclusion & Recommandations Bibliographie CHAPITRE 5 Politiques publiques contre la violence Mener des politiques publiques contre la violence ? Les « politiques publiques contre la violence » ¬ expression proposée par l’IPEV ¬ désignent ici l’ensemble des politiques, normes, programmes, opérations mises en place à différentes échelles pour mettre durablement fin à la violence politique de masse (guerre, guerre civile, répression, génocide), c’est-à-dire une violence unilatérale ou bilatérale, imputable à des États ou à des groupes larges aux contours moins définis, à l’encontre d’individus et de groupes définis, le cas échéant sur la base d’identités culturelle, religieuse, ethnique, à des fins politiques ou au cours de processus de concurrence politiques. L’expression de « politiques publiques contre la violence » est peu commune dans la littérature experte et scientifique. Elle demande donc à être clarifiée. L’action publique désigne « l’action menée par une autorité publique (seule ou en partenariat) afin de traiter une situation perçue comme posant un problème » (Lascoumes et Le Galès 2012 : 5). Il s’agit donc de travailler sur l’idée même d’une action politique contre la violence politique, en même temps que sur la manière dont la violence est qualifiée comme problème, sachant que la qualification de cette violence fait partie intégrante du processus conflictuel (Hacking 1991 ; Sommier 2008). Est-il possible, et si oui à quelles conditions, de mener une politique volontariste de sortie de conflit ouvert en vue d’établir une paix durable ? Quel « problème » entend-on résoudre à cette occasion, et dans quelle mesure la qualification de cette violence, inéluctablement politique, est elle-même conflictuelle ? À ces deux questions suscitées par une approche en termes d’action publique s’ajoute une troisième interrogation : la question de l’autorité publique qui conduit la politique. Dans le domaine de l’action publique, cette partie de la science politique qui étudie les politiques publiques, l’État occupe une place centrale, bien qu’il ne travaille jamais seul et que l’hétérogénéité des administrations publiques soit au cœur de l’analyse. Cette centralité de l’État est moins certaine lorsqu’il s’agit d’aller « contre la violence », puisque les conflits politiques ouverts opposent des États violents à leurs populations, d’autres États ou des groupes armés, et souvent affaiblissent les États. Ces États violents ou affaiblis peuvent être non les auteurs mais les cibles des actions d’autorités internationales, publiques et privées. Ce chapitre plaide en faveur d’une approche de sociologie « ordinaire » des politiques de résolution et de prévention des conflits violents : une approche critique, attentive aux acteurs impliqués et aux contextes historiques dans lesquels ces politiques sont formulées. Responsable Sandrine Lefranc, Chargée de recherche à l’Institut des sciences sociales du politique (CNRS), Paris Eduardo Pizarro, Professeur, Universidad Nacional de Colombia, Bogota Contributeurs Nathalie Duclos Véronique Dudouet Sarah Gensburger Ricardo Peñaranda, IPEV | RAPPORT FINAL